Un peu plus d’un mois après l’attaque terroriste contre le centre commercial Westgate Mall qui a fait 69 morts et des centaines de blessés à Nairobi, des pasteurs kényans élèvent la voix pour réclamer une protection armée des lieux de cultes. Depuis ce drame, les islamistes s’en sont encore pris aux chrétiens. Deux pasteurs ont récemment été tués. Le Conseil national des églises du Kenya et l’archevêque de Mombasa ne soutiennent pas cette initiative. 80% des habitants du pays sont chrétiens.

Les violences terroristes des islamistes à l’encontre des visiteurs du Westgate Mall ont permis de révéler à l’Occident le sort d’une population menacée par les shebab, ces jeunes combattants venus de Somalie. Précisément, ce sont surtout le pouvoir et les chrétiens qui sont visés par ces radicaux qui s’en prennent au Kenya suite à son intervention en Somalie. Officiellement, car déjà avant l’entrée des soldats kényans sur le sol du voisin, les shebab se rendaient coupables d’incursions au Kenya pour y capturer des ressortissants occidentaux. Prenant le centre commercial, les islamistes ont demandé aux musulmans de se signaler, afin de ne pas les tuer. Ceux qui sont restés, supposés chrétiens, ont subi des horreurs que les médias français n’ont pas juger utile de rapporter. Le Daily Mail a mentionné les témoignages des soldats : des enfants ont été retrouvés morts avec des couteaux plantés dans le ventre, des hommes ont été castrés et leurs doigts arrachés à la pince avant d’avoir les yeux exorbités et d’être pendus. Leur tort était de ne pas être musulmans. Les shebab ont affirmé que ce n’était qu’une « avant-première du premier acte ». Une violence que connaissent les chrétiens depuis des années et qui s’amplifie.

Un enchevêtrement de violences à l’encontre des chrétiens

Si l’attaque des shebab a été tellement spectaculaire au point d’être relayée, le mouvement islamiste séduit aussi parmi les jeunes musulmans du Kenya notamment sur fond de déchirures politiques. En 2007, le pays s’était embrasé après la défaite du candidat Odinga, un chrétien qui avait signé un accord secret avec les musulmans, lesquels réclamaient l’islamisation de la Constitution. Les musulmans s’en étaient alors pris aux partisans du Président Kibaki. Au cours des conflits ethniques et religieux, des églises avaient été prises à partie. Une cinquantaine de fidèles protestants avaient même été enfermés dans une église à laquelle des musulmans avaient mis le feu. Ceux qui tentaient de sortir du bâtiment étaient tués à la machette. Cette violence, enchevêtrement d’attaques extérieures des shebab et intérieures d’une partie des musulmans kényans, se développe davantage sur les braises de l’attaque du Westgate Mall.

Après le drame du centre commercial, les services de renseignement kényans ont mis en garde les églises de Mombasa (mais aussi les mosquées) contre des attaques des shebab. Deux meurtres de conducteurs religieux chrétiens se sont suivis : le 20 octobre, le pasteur Charles Mathole, responsable de l’Eglise évangélique des rachetés a été retrouvé assassiné, sa Bible à la main. Le lendemain, Kidata Ebrahim, pasteur de l’Eglise pentecôtiste de l’Afrique orientale était lui aussi découvert mort, étranglé. Apparemment, les deux pasteurs ont été assassinés pour avoir converti des musulmans au christianisme. Auparavant dans l’année, en avril 2013, des musulmans avaient incendié une église après que des hommes non identifiés avaient abattu un religieux islamique. En septembre 2012, une explosion dans le local d’une église réservé à l’instruction des enfants avait fait un mort et neuf blessés parmi ces derniers.

Les violences à l’encontre des chrétiens sont épisodiques au Kenya mais se multiplient depuis que les shebab ont décidé d’instrumentaliser les rancœurs. Les attentats contre des églises deviennent de plus en plus fréquentes. Néanmoins, prenant le contre-pied de ses collègues qui réclament des armes, le révérend Peter Karanja, secrétaire général du Conseil national des églises du Kenya, a affirmé ne pas croire qu’armer les chrétiens garantira leur sécurité. Tout en estimant que cette demande était un signal fort dont devaient tenir compte les autorités. S’il ne croit pas que les pasteurs doivent être armés, il demande une protection de la part du pouvoir. Mgr Wilybard Lagho, archevêque de Mombasa, prône, lui, le dialogue inter-religieux, et assure que la demande d’armes est « une solution superficielle à un problème complexe ».

Les chrétiens  estiment que le but de ces meurtres est d’enterrer la liberté religieuse alors que les églises évangéliques attirent de plus en plus de musulmans.

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